La Grisonne est de retour sur la terre de ses exploits. Il y a deux ans, la championne du monde avait remporté son seul succès en Coupe du monde à Val d’Isère. Après être passée par la case blessure et avoir connu une saison blanche, Jasmine Flury retrouve la compétition et le sourire, en prenant son mal en patience.
Le 16 décembre 2023 restera marqué à jamais dans la mémoire de Jasmine Flury. Il y a deux ans, la Grisonne remportait à Val d’Isère, devant sa compatriote Joana Hählen, la descente de Val d’Isère. À passé 30 ans, la skieuse venait de remporter sa première course de Coupe du monde sur le circuit, confirmant que son titre mondial glané en descente quelques mois plus tôt à Méribel n’était pas un unique coup d’éclat. « Cette victoire avait une signification très particulière », se remémore la Grisonne, les yeux pétillants.
Vingt-quatre mois après son succès en Haut-Tarentaise, la donne a complètement changé pour Jasmine Flury. Touchée au genou droit, et plus particulièrement au cartilage, lors de la seconde descente de Crans-Montana en février 2024, l’athlète est freinée alors qu’elle avait enfin trouvé son rythme de croisière au sein de l’élite du ski mondial. Après être passée sur la table de billard, la skieuse de Monstein a dû prendre son mal en patience durant de longs mois dans son petit hameau perché sur les hauteurs de Davos. Malgré sa volonté de revenir au plus vite à la compétition, elle doit se résoudre à officialiser son absence du circuit au milieu du dernier hiver, qui sera entièrement blanc. « J’aurais préféré revenir plus tôt, mais c’était impossible. » La championne du monde 2023 s’estime déjà « reconnaissante d’avoir pu retrouver la compétition » la semaine dernière à Saint-Moritz avec notamment une 11e place lors de la seconde descente. « Ma rééducation n’est pas terminée, loin de là. »
Des douleurs toujours présentes
Malgré de nombreuses heures de travail en salle et sur la neige, Jasmine Flury n’est pas encore totalement à 100% de ses capacités. « Rien n’est simple. Les choses qui devraient être naturelles demandent encore plus d’efforts. C’est pour ça que j’ai besoin d’accumuler des kilomètres de course, parce que ça, on ne peut pas l’entraîner. » L’athlète grisonne de 32 ans doit toujours tenir compte des douleurs qui enveniment son genou droit. « Il y a des moments où je ressens plus de pression, voire des douleurs. Je dois composer avec et cela va encore durer un certain temps, même si c’est très agréable de skier à nouveau. »
Elle se dit volontiers « impatiente ». Normal lorsque l’on a goûté au frisson de la victoire. « Je dois avancer étape par étape et ne pas vouloir en faire trop d’un seul coup. » À Val d’Isère, Jasmine Flury retrouve un sentiment de plénitude qui l’avait accompagnée par le passé. Elle peut poursuivre son travail sereinement. « Non seulement, j’aime la piste, mais tout est plus calme ici. Ce sont les raisons pour lesquelles je me réjouissais de revenir. »
« On ne peut pas remplacer Lara, Corinne et Michelle »
Avec les blessures de Lara Gut-Behrami, de Michelle Gisin et de son amie proche Corinne Suter, la Davosienne se retrouve avec le statut « d’ancienne » qui porte, d’une certaine manière, le poids des espoirs suisses avec Malorie Blanc. « Lara, Michelle et Corinne sont irremplaçables. Pas uniquement en tant qu’athlète, mais également en tant que personne », acquiesce-t-elle en essayant d’ôter la pression qui pourrait peser sur elle et ses autres coéquipières. « Chacune d’entre nous essaie de donner le maximum. Je reviens de blessure, Malo est très jeune et les autres ont chacune leur propre bagage. On fait de notre mieux, mais on ne peut pas en faire davantage. »
Avec l’objectif pour Jasmine Flury de regarder droit devant, d’avancer. Elle a déjà su surmonter les obstacles par le passé, elle est en capacité encore de surprendre son monde et de fleurir à nouveau sur le front de la Coupe du monde.
Johan Tachet, Val d’Isère
