C’est une Malorie Blanc une nouvelle fois resplendissante qui s’apprêtait à s’envoler pour la Suisse et qu’on a eu l’occasion de croiser à l’aéroport de Denver ce samedi. Juste avant de monter dans l’avion pour traverser l’Atlantique, la skieuse ayentôte a accepté de raconter ses deux semaines de camp en Amérique de Nord, qui lui ont permis de perfectionner sa préparation pour la saison à venir. Une saison qui doit être celle de la confirmation pour la championne du monde juniors de super-G en 2024, qui pourrait aussi être celle de la consécration.
« Sur le chemin de l’aéroport, on s’est arrêté à Red Rocks, l’amphithéâtre est incroyable! » Avec ses yeux curieux et admiratifs qu’elle a su garder jusqu’à maintenant, la Valaisanne a découvert l’emblématique site proche de Denver qui a accueilli certains des artistes les plus emblématiques de l’histoire, à l’image des Beatles, de U2 ou de Coldplay, entre de très nombreux autres. Malorie Blanc, elle aussi est une artiste, mais sur les skis. Et elle a eu l’occasion de parfaire son génie au cours des deux dernières semaines sur la piste de Copper Mountain qui accueillera la Coupe du monde cette semaine (mais pour des épreuves techniques chez les dames, ainsi qu’un super-G et un géant chez les messieurs).
« Intéressant de savoir où on se situe »
« On avait un petit peu d’appréhension car il n’y avait pas beaucoup de neige mais finalement on a pu tirer plein de bonnes choses positives et on a pu skier quasiment tous les jours. C’était un super camp », s’est réjouie celle qui a pris la 2e place de la descente de Sankt Anton la saison dernière. Contrairement aux entraînements précédents, Malorie Blanc et les Suissesses ont cette fois pu se comparer à l’ensemble du plateau, puisque quasiment toutes les meilleures spécialistes de vitesse du monde étaient présentes. « C’est clair que c’était un petit avant-goût de cet hiver. C’était aussi intéressant de voir aussi les chronos, de savoir où on se situe. Mais je fais les choses les unes après les autres et je suis en train de construire. »
En tout cas, l’athlète de 21 ans a fait le plein de confiance et compte bien surfer sur la vague de sa très belle saison 2024-2025, sa première en Coupe du monde. « La situation est complètement différente d’il y a un an, c’est vrai. C’est chouette de voir tout ce qui s’est passé en douze mois, je savoure. » Toujours est-il que son statut a changé et le regard des autres également. « Mais je reste la plus jeune », rigole Malo. « Ce qui a le plus changé, c’est peut-être que je connais mieux les autres filles dans l’équipe et que mon allemand s’est amélioré. » Le prodige helvétique a d’ailleurs partagé un appartement avec Priska Nufer, elle aussi toujours très souriante. « On se sentait presque comme à la maison, c’était chouette. On avait la chance d’avoir un cuisinier pour les repas de midi et du soir mais on se faisait tout de même notre petit déjeuner. Et j’ai même tenté de faire des pancakes… »
Un repos bien mérité
Outre son niveau en allemand et son intégration, Malorie Blanc a également progressé en géant, puisque les Suissesses ont effectué de nombreuses séances d’entraînements dans la discipline, dans la station du Colorado. Rapide, la 12e du super-G des Mondiaux aurait-elle pu envisager de rester pour la course du Coupe du monde du week-end prochain? « Non, non », sourit-elle. « Mais il est vrai que sur le long terme, je veux garder le géant et voir où ça peut me mener sans me mettre de pression. J’ai beaucoup de plaisir dans cette discipline. »
Dans une certaine mesure, Malorie Blanc suit une stratégie de carrière en privilégiant d’abord la vitesse avec la volonté de s’installer parmi les meilleures spécialistes de descente et de super-G, avant de se mettre concrètement à la technique. « Il faut faire les choses dans le bon ordre », confiait-elle déjà avant de s’envoler pour les États-Unis. « J’aimerais vraiment être prête pour le géant. Si possible en pouvant m’aligner dans une ou deux courses de Coupe d’Europe. Mais je n’en ai pas encore parlé avec mes entraîneurs. »
Il serait alors guère étonnant de la voir au départ des géants continentaux de Zinal la semaine prochaine, même si son programme prévoit une reprise de l’entraînement à Saint-Moritz, en vue des premières courses de Coupe du monde de vitesse qui se déroulerontdu 12 au 14 décembre décembre dans la station de l’Engadine. Mais en attendant, la Valaisanne va désormais pouvoir profiter de quelques jours de repos. « Ça aurait pu être bien de faire des courses ici aux États-Unis car la préparation a été longue et je me réjouis de remettre un dossard mais ce sera très bien de reprendre à la maison. Là, il faut penser récup’ car c’était costaud comme camp, je le sens physiquement et mentalement. »
Des pensées positives pour Lara Gut-Behrami
Si la plupart du camp s’est déroulé sous les meilleurs auspices, Malorie Blanc a évidemment dû composer avec le gros bémol qu’a représenté la chute de Lara Gut-Behrami. Comme la plupart des autres skieuses, elle se situait au départ de la manche d’entraînement à ce moment-là mais ne s’est pas rendu compte tout de suite que sa compatriote avait été touchée. « C’est en arrivant en bas, alors que j’ai fait une manche terriblement mauvaise, que j’ai remarqué qu’elle était dans la luge. Je lui souhaite vraiment tout de bon. On ne sait pas ce qu’elle va faire, ça lui appartient. Je lui souhaite du courage et qu’elle se remette bien. »
Laurent Morel, Denver
