Deuxième slalom de l’hiver, deuxième résultat décevant chez les Suisses. Tanguy Nef a manqué de peu de signer un premier podium en Coupe du monde, tandis que Daniel Yule se sent toujours mieux sur ses nouvelles lattes. Pour les autres slalomeurs helvétiques, c’était une journée à oublier. Réactions.
Sans Tanguy Nef, le bilan après le deuxième slalom masculin de la saison à Gurgl samedi aurait été plutôt déplorable. Comme à Levi le week-end dernier, Marc Rochat, Luca Aerni et Ramon Zenhäusern n’ont pas passé la première manche. Loïc Meillard a ensuite enfourché en seconde. Seul le Genevois a sauvé l’honneur de la Confédération avec une belle 5e place. Daniel Yule, 11e, a aussi pu prendre du positif, alors qu’il s’habitue toujours à son nouveau matériel.
On a longtemps cru à un premier podium en Coupe du monde pour Tanguy Nef, deuxième ex æquo après la première manche. Du moins a-t-il retrouvé les places d’honneur qu’il a si souvent occupées l’hiver dernier. « Aujourd’hui, je pense que j’avais éventuellement le podium dans les jambes, pas encore dans la tête », a regretté le skieur de 29 ans après sa course. « Mais je pense que c’est une bonne correction après Levi (ndlr: où il a terminé 21e) où c’était un petit peu en dessous. La saison est encore longue, et ça fait plaisir de faire une cinquième place aujourd’hui. »
Des conditions difficiles
La haute altitude de Gurgl, la pente de la piste et la neige artificielle et changeante en plein milieu du mur ont présenté des conditions bien différentes à celle de Laponie il y a six jours, ce qui explique peut-être que certains skieurs ont peiné. Mais s’étant entraîné sur des neiges semblables tout l’été, Tanguy Nef a su en tirer des avantages.
« Les conditions étaient spéciales, je pense que personne n’a vraiment eu un très bon feeling. Mais je pense que je m’en suis bien sorti techniquement, avec mes atouts », a analysé le skieur. « Du coup, je n’essaie pas trop de me concentrer sur les fautes et sur les différents accrocs parce que faire une manche parfaite, ce n’était pas possible. Je pense que j’ai fait un bon choix tactique et un bon management de la course. »
Pour Daniel Yule, la journée était aussi positive. « Je crois que j’ai de nouveau fait un pas en avant par rapport à Levi. Il y a des sections qui sont vraiment bonnes, il y a de très bons virages », s’est réjoui le skieur qui disputait sa deuxième course sur ses nouveaux skis Atomic. « Maintenant, il faut réussir à gommer les erreurs, mais je crois que la vitesse de base est de retour. Il y a vraiment de bonnes choses et aujourd’hui, j’ai fait deux manches sur lesquelles je peux construire pour la suite. »
Trouver des solutions
Par contre, pour leurs coéquipiers, c’était « une journée à oublier », pour citer Loïc Meillard. Après un résultat décevant en Finlande, l’Hérémencien, qui pourtant était monté sur le podium ici l’an dernier, n’a pas trouvé la clé dans l’Ötztal samedi. Au terme de la première manche, il n’était que 20e, avant même d’enfourcher en seconde manche.
« Il y avait de quoi bien faire, mais ça ne jouait pas par rapport aux conditions et au tracé qu’il y avait aujourd’hui pour bien skier », a regretté le Valaisan. Alors que ses rivaux auront jusqu’à la mi-décembre à Val d’Isère pour peaufiner leur slalom, le champion du monde part maintenant aux États-Unis où il disputera des courses de vitesse et de géant ces prochaines semaines. Pas de repos donc. « Maintenant, c’est changer de discipline et revenir dans trois semaines, avec peut-être une journée avant Val d’Isère, comme d’habitude, et essayer de trouver les solutions à ce moment-là. »
Le trio maudit
Pour Ramon Zenhäusern, Marc Rochat et Luca Aerni, la frustration de se voir éliminés après la première manche pour la 2e fois en une semaine était grande. Le Vaudois a d’ailleurs hurlé en franchissant la ligne d’arrivée. « Je me sentais assez bien, à l’entraînement aussi, puis je me suis fait un peu chahuter, et j’ai fait une grosse faute qui évidemment m’a coûté la course. Pas une grande journée pour moi, malheureusement » a-t-il résumé. « Je sais que j’en suis capable, je dois juste trouver les clés actuellement pour pouvoir produire mon meilleur ski, même en course. »
Ramon Zenhäusern a à peine fait une douzaine de portes avant d’être stoppé net. « J’avais zéro sensation», a-t-il déclaré après. Peut-être était-ce le matériel, peut-être la neige qui a changé entre la reco du matin et la course. « Au moins, on a trois semaines pour bien bosser », a-t-il conclu avec une grimace. À Val d’Isère, les Suisses auront la pression de livrer enfin un bon résultat en slalom cet hiver.
Sim Sim Wissgott, Gurgl
