Après une carrière riche en succès et en émotions ponctuée par deux titres mondiaux individuels, le Français de 34 ans met logiquement un terme à sa carrière. Une décision mûrement réfléchie, guidée par le besoin d’être en accord avec lui-même et des résultats mitigés depuis près de quatre ans.

Cette fois, c’est fini. Mathieu Faivre a pris la décision de se retirer du sport professionnel. Pour lui, tout avait changé après sa médaille de bronze en géant aux Jeux olympiques de Pékin en 2022. Même ses entraîneurs l’avaient remarqué: à la fin de la saison suivante, il a senti qu’il était au bout d’un cycle. Malgré un retour à l’entraînement sérieux et un changement de marque de skis (passant de Head à Salomon pour la saison 2023, avant de revenir sur Head l’année suivante), le double champion du monde a constaté qu’il y avait toujours une problématique de sens. «Je le faisais avec la même ambition et détermination, mais ça me coûtait beaucoup plus nerveusement.»

Cette prise de recul lui a permis de se recentrer et de comprendre ce qu’il voulait réellement, et jusqu’où il était prêt à investir son énergie. Les concours de circonstances, blessures et la sortie du top 30 en Coupe du monde ont renforcé cette réflexion. Son choix est donc d’arrêter, un tournant qu’il assume pleinement.

Pour Mathieu Faivre, sa carrière restera marquée par ce flux intérieur qui pousse toujours à aller chercher ses limites et à se dépasser. Mais il retient surtout le chemin parcouru, les expériences et le partage avec ses entraîneurs et ses coéquipiers. Les résultats ont bien sûr leur importance, mais ce sont les valeurs qu’il a pu conserver qui ont donné du sens à sa carrière, selon lui. Aujourd’hui, le skieur d’Isola 2000 n’a pas envie de devenir entraîneur, du moins pour le moment. Mais il ressent l’évidence de vouloir rester proche de ce sport. «Je veux rendre monnaie de la pièce à mes entraîneurs et à ce sport», assure-t-il.

Quand les discussions ont commencé sur les sélections dans les groupes fédéraux, le désormais ex-skieur a ressenti le besoin d’être libre de ses choix, sans contrainte de temps ni de classement. Il a demandé à ne pas être pris en compte et se dit aujourd’hui pleinement libéré. «Si j’avais voulu continuer, j’aurais trouvé mon propre moyen avec un préparateur et une structure personnelle. Dès que je me suis détaché de ces contraintes, je me suis senti libre.» Cette liberté est pour lui essentielle pour tourner la page sereinement et envisager la suite de sa vie. «Je pars en paix avec ce que j’ai accompli et avec les rêves que j’avais enfant, qui me semblaient hors de portée.»

Sophie Rey