La Valaisanne poursuit son apprentissage de la Coupe du monde en découvrant la mythique piste Oreiller-Killy de Val d’Isère. Entre progression et ambitions, Malorie Blanc ne veut pas brûler les étapes malgré son nouveau statut au sein de l’équipe de Suisse de vitesse. Rencontre.
« Avant l’entraînement, ils m’ont dit que la bosse à Roland (Collombin) ne sautait plus. J’étais presque déçue. Finalement, elle a décollée. » Malorie Blanc poursuit son apprentissage des pistes de Coupe du monde. Ce jeudi, elle s’est testée pour la première fois sur la piste Oreiller-Killy de Val d’Isère lors du premier entraînement de la descente. « Ça m’a fait plaisir de sauter cette bosse. J’ai énormément de respect pour Roland, j’espère faire honneur à cette bosse et claquer un bon résultat. »
La Valaisanne aborde ce second week-end de l’hiver en vitesse avec de la confiance. La semaine dernière, elle a déjà validé son ticket olympique en prenant la 6e place du super-G de Saint-Moritz, à laquelle s’ajoute notamment une 13e place lors de la première descente en Engadine. « Je suis contente de la manière dont j’ai géré les courses. Ce n’était pas si facile, dans des conditions particulières après la chute de Michelle Gisin. Nous sommes comme une petite famille et lorsque l’une d’entre nous se blesse, c’est délicat. »
Leader malgré elle
Comme pour Lara Gut-Behrami et Corinne Suter ces dernières semaines, Malorie Blanc se trouvait encore au sommet de la piste au moment où sa coéquipière obwaldienne, dont elle est proche, a terminé son parcours dans les filets de sécurité de la piste grisonne. La force de la skieuse d’Ayent est de parvenir à faire abstraction de l’accident de son amie quelques minutes plus tôt au moment de s’élancer dans le portillon. « Il est important dans un tel moment de laisser les émotions de côté », poursuit-elle. « Il ne faut pas être sur la défensive, être convaincue de son ski et rester humble. Cette logique permet de garder les pieds sur terre. » Et surtout d’éviter de gamberger et de partir à la faute à son tour.
Et malgré son jeune âge et ses huit départs en Coupe du monde, Malorie Blanc est déjà une skieuse mature. Par la force des choses, avec les blessures qui ont décimé son groupe, la championne du monde juniors de super-G s’est déjà retrouvée propulsée leader de l’équipe de vitesse suisse, une année seulement après avoir fait ses débuts sur le Cirque blanc. « C’est drôle sans être drôle, mais énormément de choses ont changé en deux ans. J’ai encore les yeux de la petite jeunette qui regarde les skieuses suisses à la télé et maintenant je me retrouve à l’entraînement et en course avec ces filles. C’est un honneur de me retrouver dans cette position. Ce rôle de leader, je ne le vois personnellement pas ainsi lorsque je vois le palmarès de ces filles autour de moi qui m’impressionne. »
Apprendre des coéquipières
La Valaisanne s’enrichit au contact des athlètes expérimentées au quotidien. Elle partage la chambre de Priska Ming-Nufer et n’hésite pas à échanger avec Jasmine Flury, la championne du monde de descente en 2023, dès que l’occasion se présente. « Toutes ces filles ont un monstre bagage et elles sont toutes dans le partage, dans l’émotion aussi », apprécie-t-elle. « On peut vraiment parler de tout. Pour moi, c’est de l’or de pouvoir profiter de leur expérience. »
Progresser pas à pas, tel est le leitmotiv de la talentueuse skieuse qui s’évertue à répéter qu’elle construit son chemin, en toute humilité, tout en étant consciente de son potentiel. « Je sais que je peux aller vite, je ne vais pas me cacher là-derrière. Mais mon objectif est de m’installer tranquillement et de gagner en régularité. » Ce week-end, elle pourrait encore une fois frapper un grand coup. « Après les courses de Saint-Moritz, j’étais cuite et fatiguée émotionnellement, autant que physiquement. Je suis rentrée à la maison, deux jours, mais j’ai pu retrouver un peu de fraîcheur. »
Comme Fränzi Aufdenblatten?
Désormais, elle doit trouver ses repères sur cette pente savoyarde qu’elle découvre. « Je repars d’une feuille blanche. Mais c’est toujours excitant de skier de nouvelles pistes. Je me suis rendue compte que même si je ne savais pas vraiment où j’allais lors de l’entraînement, cela s’est plutôt bien passé. Je vais pouvoir encore monter en puissance d’ici la course. » Et pourquoi pas imiter Fränzi Aufdenblatten, qui avait remporté sa seule descente en Coupe du monde ici même à Val d’Isère, et qui reste la dernière Valaisanne à avoir triomphé dans une discipline de vitesse.
Johan Tachet, Val d’Isère
