Les skieurs britanniques ont impressionné à Levi. Non seulement le vétéran Dave Ryding, mais ses jeunes coéquipiers Laurie Taylor et Billy Major ont livré un énorme résultat d’équipe, devançant même la Suisse et l’Autriche. Est-ce le début d’une petite révolution dans le ski alpin ?
On aurait dit trois gamins dans la zone mixte à Levi. Entre Dave Ryding, Laurie Taylor et Billy Major, l’ambiance était à la fête et les plaisanteries fusaient après le premier slalom masculin de l’hiver. Et pour cause, la « Team GB » avait signé un résultat improbable, avec trois skieurs dans le top 30, et deux dans le top 10. Mieux que les Suisses et les Autrichiens.
D’où la question sur toutes les lèvres en ce début de saison : va-t-on maintenant voir une montée en puissance des skieurs britanniques ? Tout est possible, selon Dave Ryding. « Ça fait cinq ans que je vois ces garçons à l’entraînement, et je ne les ai vus que progresser, encore et encore, » s’est réjoui le vétéran.
Depuis le temps, on s’était habitués à voir le slalomeur du Lancashire rivaliser avec les meilleurs sur le Cirque blanc. Mais trois Britanniques en 2e manche d’un slalom avec une 4e et une 7e place au final, c’était une première. Pour Laurie Taylor, qui a signé son meilleur résultat en Coupe du monde, il s’en est fallu de juste 4 centièmes pour qu’il monte sur son premier podium.
Les Britanniques se lâchent
« C’est un sentiment de dingue. Putain ouais ! » s’est lâché son coéquipier Billy Major, 27e du jour mais aussi joyeux que si c’était lui qui avait fini au pied de la boîte. Pas de trace de réserve britannique ce jour-là. « Je pense qu’on s’en rapproche depuis un moment, ça commence à porter ses fruits », s’est réjoui le skieur de Cambridge.
La star du jour était plus circonspecte. Ou simplement sous le choc. « C’est tellement dur à croire ! Mais cela se passe vraiment bien à l’entraînement pour nous tous depuis quelques années, il s’agit simplement de mettre les choses en place étape par étape, » a noté le skieur de 29 ans, qui a signé en Finlande son deuxième top 10 parmi l’élite.
Un vrai esprit d’équipe
Ce qui a frappé c’était à quel point les Britanniques s’exprimaient au pluriel. Le ski est un sport individuel, mais le trio est soudé comme peu d’autres. « On a une super ambiance, on passe tellement de temps ensemble sur la route, aussi avec les entraîneurs, alors c’est vraiment important. Personne ne se prend la tête. On est tous sur la même longueur d’onde. Chacun apporte énormément à cette équipe », a loué Dave Ryding.
La recette de leur succès est peut-être aussi dans ce parfait équilibre entre expérience et fougue. À Levi, on a pu voir le vétéran aux sept podiums conseiller son collègue Laurie Taylor sur les procédures à suivre après la course. L’instant d’après, c’étaient les « jeunes » qui remettaient leur coéquipier à sa place et l’interrompaient en plein interview. « Je leur donne parfois trop de liberté ! Ils me donnent vraiment du fil à retordre ! » s’est amusé Dave Ryding. « Mais ça me permet de garder l’esprit jeune… Et ils me poussent comme des fous. Je crois que si je skie toujours c’est à cause d’eux. »
Devant la Suisse et l’Autriche!
Incroyable mais vrai, la Grande-Bretagne figure actuellement à la 4e place du classement des nations en slalom. Derrière la France, le Brésil et l’Autriche. « C’est sans surprise ! », s’est exclamé joyeusement le vainqueur de Kitzbühel, lorsqu’on lui a fait la remarque que l’île de Sa Majesté avait fait plus fort que des grandes puissances du ski (pour rappel, le meilleur Autrichien a fini 9e à Levi, le meilleur Suisse, Loïc Meillard, 14e). Avant de redevenir sérieux. « Je suis si fier de ce que tout le monde a accompli parce qu’en termes de financement, on est probablement l’équipe la moins bien financée en Coupe du monde. Mais chaque année, on est là, prêt à se battre, et là on a fait mieux que l’Autriche et la Suisse ! C’est vraiment formidable. »
« On est toujours les outsiders. On a les skieurs, on a le potentiel, on prend juste un peu plus de temps pour y arriver parfois et on nous sous-estime quand on est jeunes », a renchéri Laurie Taylor, qui comme ses coéquipiers a appris à skier sur des pistes synthétiques. « Mais on persévère et au final on y arrive. Alors c’est bien qu’on soit enfin en train de percer. Et il y a beaucoup de jeunes qui arrivent derrière nous aussi. »
Passer le relais
Le slalom de Levi a aussi entamé un passage de relais alors que Dave Ryding dispute sa dernière saison avant de ranger ses skis pour de bon. « C’est vraiment beau de voir un autre Britannique terminer quatrième », s’est réjoui le skieur britannique le plus performant de l’histoire. « Je sais que lorsque j’arrêterai, l’équipe de Grande-Bretagne montera encore en puissance ».
« Avec Billy, on a tellement appris de Dave au fil des années, ça fait bizarre de penser que c’est sa dernière année. Mais je pense qu’il est temps pour nous de vraiment monter au créneau, de mettre à profit tout ce qu’on a appris et de continuer à faire bouger le ski britannique, » a ajouté Laurie Taylor.
En attendant, le trio va continuer de se pousser – et de se chambrer – sur la piste comme en dehors. À Gurgl ce samedi, Dave Ryding aura un léger avantage : sponsorisé par la station autrichienne, il s’y entraîne depuis des années et la connaît comme sa poche. Mais la « Team GB » a désormais d’autres cordes à son arc. « Trois skieurs dans le top 30 lors de la première course montrent qu’on est en vraiment excellente forme et prêts à attaquer », a lancé le vétéran, confiant. Attention, les Britanniques débarquent !
Sim Sim Wissgott, de retour de Levi
