Il y a une ou deux semaines encore, on n’aurait pas pu imaginer un triplé suisse en géant comme celui de Val d’Isère samedi. Loïc Meillard et Luca Aerni surtout semblaient au fond du gouffre. Mais aux États-Unis, ils ont beaucoup travaillé avec leur entraîneur Matteo Joris. Et ce travail se traduit déjà par des résultats exceptionnels. Réaction.

Après un début de saison difficile pour Loïc Meillard et Luca Aerni, avec des résultats bien en dessous de leurs attentes, on a commencé à voir une lueur au bout du tunnel il y a une semaine à Beaver Creek. La préparation outre-Atlantique a servi à remettre les pendules à l’heure et à poser des bonnes bases pour le reste de la saison en Europe. Et on commence déjà à voir le résultat. Entretien avec leur entraîneur Matteo Joris.

Matteo Joris, tout le travail que vous avez effectué aux États-Unis a payé avec ce magnifique triplé aujourd’hui.

On était déjà sur le bon chemin. On savait où on devait travailler et on a vu déjà des progrès à Beaver Creek. Mais là, c’est vraiment un grand pas en avant! (rires) On ne pensait certainement pas pouvoir faire ça. Mais ils le méritent après tout le travail qu’ils ont fait, et surtout pour être restés calmes quand les choses n’allaient pas bien. Parce que c’est normal qu’il y ait des critiques, mais on doit rester calmes. On sait qu’on travaille toujours à 120 %.

Qu’est-ce que vous avez fait de spécial aux États-Unis pour être là où vous êtes aujourd’hui?

On a travaillé sur ces types de neige: on a vu qu’il nous manquait quelque chose sur les neiges un peu agressives. Surtout, si c’est la direction que la FIS va prendre, on doit changer un peu la technique, tirer un peu plus les appuis, ouvrir les angles. C’est différent de skier sur la glace. Même la Nouvelle-Zélande (ndlr: où les Suisses se sont entraînés pendant l’été) nous a beaucoup apporté, parce que c’était beaucoup ce type de neige. On doit continuer à travailler, on a encore du boulot en slalom. Mais aujourd’hui, on va profiter.

Loïc Meillard a dit que les derniers jours l’ont beaucoup aidé à retrouver la forme. Il n’éprouvait plus de douleurs au dos aussi.

Déjà aux États-Unis, il s’est beaucoup entraîné entre les courses et il a pris toujours plus de confiance. Et la finition aussi: c’est toujours le dernier entraînement qui compte. Et à Thyon (ndlr: où l’Hérensard s’est entraîné après son retour des États-Unis), on a eu exactement la même neige et je pense que ça nous a beaucoup aidés.

Loïc Meillard renoue donc avec la victoire tandis que Luca Aerni signe enfin un premier podium de géant en Coupe du monde. Lequel des deux vous impressionne le plus?

Les deux. Je pense qu’ils arrivent du fond. À Copper Mountain, Loïc a dit qu’il ne savait plus où il était, puis à Beaver Creek, il savait ce qui n’allait pas. Et là, je pense qu’il a trouvé une clé. Quant à Luca, il est incroyable. Il a fait deux manches de folie aujourd’hui. Quand il est dans ce flow, j’ai toujours dit qu’il a quelque chose en plus. Il l’a déjà montré quand il a été champion du monde à Saint-Moritz (ndlr: en combiné en 2017). Après, il lui a toujours manqué quelque chose, un peu de continuité. Mais s’il arrive à garder le cap, il peut être très vite. Je pense que même en slalom, avec un bon setup, il peut aussi faire bien.

Johan Tachet/SSW, Val d’Isère