Il y a des victoires significatives. Celle de ce mardi lors du géant de Sun Valley en est certainement une pour Lara Gut-Behrami. Non seulement, elle a remporté son 48e succès en Coupe du monde, mais elle est la première skieuse de l’histoire a remporté 10 victoires dans trois disciplines différentes. Un exploit que seuls Hermann Maier et Pirmin Zurbriggen ont accompli par le passé. Mais surtout, la Tessinoise a écrit un peu plus sa légende, en faisant une apparition remarquée dans un cercle très fermé: celui des championnes qui dénombrent 100 podiums en Coupe du monde aux côtés de Mikaela Shiffrin (USA), Lindsey Vonn (USA), Annemarie Pröll (AUT), Renate Götschl (AUT) et Vreni Schneider (SUI).

« C’est un chibreffre incroyable, mais c’est davantage que cela », sourit la skieuse suisse. « Le sport c’est des émotions, vivre des moments ensemble et c’est ça qui m’a motivée depuis toute petite. Mon but était de réussir à transmettre quelque chose. Et de faire partie, avec ces autres filles, de l’histoire du ski, c’est encore plus important. » Mais Lara Gut-Behrami a le triomphe modeste. « Je pense toutefois qu’il y a des skieuses qui ont réussi des choses encore plus exceptionnelles. »

Dix-sept ans après Saint-Moritz

Mais pour se rendre compte de l’accomplissement de la skieuse de Comano, il est important de se rappeler qu’elle est montée sur son tout premier podium sur le Cirque blanc en février 2008, il y a 17 ans. Cela ne nous rajeunit pas. Toutefois, Lara Gut-Behrami aura réussi la performance de rester près de deux décennies au plus haut niveau et surtout aux avant-postes. « Ce serait impossible de réussir cela sans avoir une famille incroyable qui me soutient, des personnes vraiment compétentes, sensibles et de bon cœur autour de moi durant toutes ces années. Et c’est génial de pouvoir partager tous ces moments avec elles. »

Et pour conclure un hiver qui n’a, de loin pas été facile, Lara Gut-Behrami a réalisé une nouvelle démonstration sur la piste Challenger, qui portait bien son nom. « C’est incroyable de terminer la saison ainsi », poursuit la Suissesse qui s’était déjà imposée dimanche en super-G et qui répète inlassablement « avoir retrouvé ce plaisir » qui lui permet d’être insatiable dès qu’elle chausse ses lattes. « Ce n’était vraiment pas facile à skier aujourd’hui, avec trois types de neige différentes en première manche, qui cassaient sous le pied. Mais au final, j’ai pu retrouver cette simplicité, un bon virage, un excellent feeling et les victoires. »

Une dernière danse avec les Jeux olympiques en ligne de mire

Et c’est avec un état d’esprit positif que la championne va pouvoir aborder les douze derniers mois de son incroyable carrière. Sans se fixer des objectifs chiffrés toutefois. « J’ai mis une année à retrouver les bonnes sensations. Parfois, c’est compliqué car on réfléchit trop, on peut être négatif. Mais mon but, ce n’est pas seulement le fait d’avoir du plaisir, c’est d’être consciente que j’aime ce que je fais, et que j’ai la chance de pouvoir encore progresser. » Avec en point d’orgue de cette dernière danse, des Jeux olympiques à Cortina d’Ampezzo, sur la piste Olimpia delle Tofane qu’elle avait ébloui de son talent lors des Mondiaux de 2021, d’où elle était revenue avec trois médailles dont une en or. « Je pense que ça va être vraiment beau à vivre, à côté de la maison. »

Une maison à Udine, d’ailleurs, où elle est en train de construire une piscine. Et comme coup de pouce, elle a reçu de la part du sponsor des courses de Sun Valley un petit chèque de 50’000 $ pour avoir été la skieuse qui a remporté le plus de points sur sol américain cette saison. « Ça tombe bien, je vais pouvoir payer les factures », se marre-t-elle. Comme quoi, il y a des victoires historiques qui rapportent également au porte-monnaie.

Johan Tachet, Warm Spring