Blessée à la hanche, la Valaisanne doit se soumettre à des traitements quotidiens pour espérer skier à son meilleur niveau en compétition. Petit à petit, la championne du monde de slalom parvient à s’adapter au mieux.
Dans la raquette d’arrivée de la deuxième manche du slalom de Copper Mountain dimanche, Camille Rast semblait presque épuisée. Les 10’000 pieds (plus de 3000 mètres) d’altitude du départ de la Rosi’s Run sont-ils en cause? Peut-être en partie. Pourtant, c’est plutôt l’enchaînement des manches (quatre avec le géant de la veille) qui a commencé à se faire sentir pour la championne du monde. « Ce n’était pas facile après le géant d’hier (ndlr: samedi), c’était une longue journée avec tout ce qu’il y a eu à faire et le décalage horaire », reconnaît-elle. « Pour le slalom, je suis allée puiser ce qu’il me restait d’énergie. » De quoi obtenir un résultat satisfaisant, sans plus, à six dixièmes de seconde du podium.
Surtout, depuis une vilaine chute à quelques portes de l’arrivée à Sestrières la saison dernière, Camille Rast traîne des douleurs à la hanche – un syndrome de Morel-Lavallée -, qui la gêne quotidiennement dans sa progression. Son début de saison moyen (15e à Sölden puis à Levi) laissait craindre le pire. « J’avais mal, on partait vraiment de loin. » Allait-on revoir l’athlète aérienne de la saison dernière? Une première réponse est tombée à Gurgl, il y a dix jours. Comme il y a un an, la longiligne skieuse est parvenue à monter sur son premier podium (3e). Une première libération, mais encore fallait-il confirmer. « Ce n’était pas gagné en début de semaine, j’étais vraiment assez fatiguée et j’avais un peu mal partout. »
Quotidiennement sur la table de massage
Après avoir traversé l’Atlantique en début de semaine, Camille Rast est parvenue à prouver que le travail effectué en géant durant l’été pour passer un cap dans la discipline paie. Grâce notamment à une excellente deuxième manche, la Vétrozaine a signé son deuxième meilleur résultat dans la spécialité. « La performance est aussi là grâce à Denis (ndlr: Wicki, son entraîneur)! On a fait des entraînements de qualité, ce n’est pas toujours la quantité qui compte. »
Denis Wicki, justement, travaille en accord avec tout le staff autour de sa protégée pour s’assurer que celle-ci soit dans les meilleures conditions au départ des courses. « La hanche reste un point sensible », détaille Florian Lorimier, son préparateur physique qui a fait le déplacement dans les Rocheuses. « Avec la compétition, l’intensité augmente et il a fallu s’adapter, mettre en place un nouveau protocole quotidien. Je n’ai pas d’inquiétude particulière mais on doit vraiment effectuer des traitements réguliers. » Le Neuchâtelois travaille en étroite collaboration notamment avec l’ostéopathe de Swiss-Ski Marco Jermini.
« Les heures que je passe sur la table de massage, et puis sur la piste, c’est quand même super important », confirme de son côté la championne. « Après, je dois quand même bien batailler pour pouvoir skier sans gêne et à 100% de mes capacités. Il faut trouver la bonne balance entre la charge de travail et la récupération. Mais petit à petit, on va y arriver. Chaque nouvelle expérience est bonne à prendre. »
Au Québec pour continuer la marche en avant
Ce lundi, Camille Rast profite d’un jour de repos bien mérité avant de s’entraîner encore à Copper Mountain puis de s’envoler vers le Québec, puisque deux géants sont au programme au Mont Tremblant le week-end prochain. Sur une piste qui ne convient pas vraiment à ses qualités techniques, la skieuse de 26 ans aura une nouvelle fois l’occasion de montrer ses progrès dans la discipline, elle qui ne s’était qualifié pour aucune des deuxièmes manches il y a deux ans dans la station canadienne. Histoire de prouver s’il le faut encore que sa saison est désormais bel et bien lancée.
« Il y a encore du potentiel pour faire un pas en avant », ajoute encore l’athlètes aux 5 podiums de Coupe du monde. « J’espère pouvoir skier plus sans douleur et prendre du plaisir. Ce sont des petits détails encore à mettre en place petit à petit, mais je fais ce que mon corps me permet. » Qu’on se rassure, Camille Rast n’est pas rassasiée.
Laurent Morel, Copper Mountain
