C’est fou! Le compte de fée que vit le ski suisse cet hiver ne semble pas prêt de s’arrêter. Ce samedi, sur l’Olympiabakken de Kvitfjell, les skieurs rouges à croix blanche ont une nouvelle fois tout écrasé sur leur passage, signant un deuxième triplé cette saison en descente, après celui de Crans-Montana il y a deux semaines. « Ce n’est absolument pas normal! », a rappelé Franjo Von Allmen, à nouveau sur la plus haute marche du podium. « C’est incroyable de réussir pareille performance en descente, ça n’a pas souvent été fait. On doit en profiter en tant qu’athlètes, on ne sait pas combien de temps ça va durer. C’est juste indescriptible!
Habitué des podiums (il est monté sur son 86e ce samedi), Marco Odermatt abonde, même si le Nidwaldien sent que les exploits à répétition deviennent presque une habitude pour le grand public et même dans l’équipe. « C’est très bizarre. On ne se rend pas compte de ce qu’il se passe », décrit celui qui s’est assuré du gain d’un quatrième gros Globe consécutif. « Ce n’est pas une évidence mais ça le devient quasiment avec ces résultats. On a plus de deux podiums par descente en moyenne! C’est incroyable et ce n’est pas la réalité, il ne faut pas l’oublier! »
Le public doit aussi profiter
Moins habitué à jouer les premiers rôles en descente (avant hier, il n’avait jamais fait mieux que 8e), Stefan Rogentin se joint désormais à la fête et lui aussi s’y connaît en triplé. « C’est incroyable! J’ai pu faire partie des triplés aux finales de Saalbach en super-G l’année passée puis lors du combiné par équipes des Championnats du monde. On commence à penser que c’est normal mais ce n’est absolument pas évident. C’est fascinant même! »
Pour les trois hommes, le grand public doit aussi profiter de ces moments presque irréalistes. « Les gens ne se rendent peut-être pas compte », précise Franjo von Allmen, qui a parfaitement corrigé ses imprécisions de la veille pour réussir une démonstration ce samedi. « Ce qu’on fait n’est pas normal et il ne sera pas simple de rééditer ces performances dans le futur », ajoute Marco Odermatt. « D’ailleurs, attention, on profite d’une situation où tout joue en notre faveur, avec des jeunes qui nous poussent, Rogi, Justin et moi. Mais ça ne durera pas éternellement. »
Le Globe pas encore assuré
Avant de penser à l’avenir, Franjo von Allmen et Marco Odermatt vont déjà ouvrir une nouvelle page de leur duel lors du super-G de dimanche, avant de se retrouver en descente lors des finales de Coupe du monde à Sun Valley. En jeu, le Globe de cristal de la discipline, pour lequel Odi part avec une très large avance (83 points). Pour lui chiper, Franjo von Allmen devrait s’imposer aux États-Unis et espérer que son compatriote termine 15e ou au-delà. Improbable.
« Pour moi, c’est déjà décidé en quelque sorte, mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Je vais juste essayer de bien skier et on verra », explique le Bernois. « J’ai une grosse avance », reconnaît le Nidwaldien. « Après, tout est possible sur une course. Je peux aussi commettre une faute et Franjo réussir encore une énorme descente. Je vais devoir être très concentré. »
Laurent Morel, Kvitfjell