Des courses FIS à la Coupe d’Europe et la Coupe du monde, Shaienne Zehnder progresse rapidement et sûrement depuis quelques saisons. Rencontre avec la jeune Bernoise qui a fêté son baptême du feu sur le Cirque blanc à Sölden.

Sölden chaque année, c’est l’occasion de retrouver les plus grandes stars du ski, mais aussi de découvrir de nouveaux visages, promus pour la première fois parmi l’élite et impatients de se mesurer aux meilleurs skieurs de la planète. Cette année, c’est Shaienne Zehnder qui a eu cette chance chez les Suissesses. Une chance mais aussi une étape logique dans son parcours.

Depuis quelques hivers, la Bernoise de 19 ans ne fait que se surpasser. Aux Jeux olympiques de la jeunesse à Gangwon en 2024, elle a remporté l’argent en géant et le bronze en super-G. L’hiver dernier, elle a été promue en Coupe d’Europe, terminant rapidement dans le top 15. À l’entraînement à Diavolezza il y a deux semaines, elle s’est enfin offert une place en Coupe du monde lors de qualifications internes.

« J’ai toujours progressé étape par étape », nous a-t-elle confié tout simplement lors d’un entretien à Sölden avant sa grande première sur le glacier du Rettenbach. Même une fracture du tibia et du péroné gauche en mars 2023 n’a freiné que temporairement la jeune skieuse.

Le ski dans les veines

C’est à Walterswil dans l’Emmental – « un bled où il neige peut-être une fois tous les cinq ans », rigole-t-elle – qu’elle a fait ses premiers virages avec ses parents. Il faut dire que chez les Zehnder, le ski coule dans les veines. Son père Bänz était l’entraîneur de Beat Feuz dans sa jeunesse. Son petit frère s’appelle Kjetil, en hommage au grand Kjetil André Aamodt (son prénom à elle remonte à un voyage en Égypte de ses parents). Et sa sœur jumelle Leandra est également skieuse en cadre C chez Swiss-Ski.

Mais c’est en Coupe d’Europe l’hiver dernier que Shaienne Zehnder a réellement pu faire un bond en avant. « J’étais de loin la plus jeune dans l’équipe, mais cela m’a vraiment motivée et poussée d’être avec des athlètes plus expérimentées et qui sont réellement des modèles pour moi. » Le fait d’être séparée de sa sœur jumelle pour la première fois l’a aussi rendue plus forte. « C’était très difficile au départ parce qu’on est vraiment très proches. Mais ça nous a fait du bien parce qu’il faut apprendre à gérer quand tu n’as personne et que tu dois compter sur toi-même. »

Des leçons partout

L’impression qu’on a en lui parlant est celle d’une athlète enjouée, sans trop de doutes, qui tire le meilleur parti de chaque situation. Même sa blessure à Lenzerheide en 2023 a été un bon apprentissage. La veille, elle avait remporté sa première victoire en Swiss Cup, « du coup, j’ai élevé mes attentes, je voulais de nouveau gagner ». Mais en seconde manche, elle a fait une faute d’intérieur et a essayé de retrouver sa ligne pour atteindre la prochaine porte. C’est là qu’elle a chuté et s’est blessée. « Cette faute, je ne la referai plus jamais ! » assure-t-elle maintenant en riant.

Quand elle n’est pas sur les pistes, Shaienne Zehnder se ressource en jouant au tennis et au padel, en prenant le café avec des amies mais surtout en passant du temps avec sa grand-mère, qui est dans un EMS. « Quand je vais la voir, je peux vraiment décrocher. On joue au ping-pong – c’est une excellente joueuse ! – et je peux vraiment décompresser. » La skieuse a d’ailleurs fait un apprentissage dans une maison de retraite et de soins infirmiers.

« Je skie pour mon grand-père »

À Sölden, c’est donc avec beaucoup de naturel et sans nervosité apparente qu’elle a fêté son baptême du feu en Coupe du monde. Malgré le cirque médiatique, les foules de fans et les stars au départ, et alors qu’elle devait affronter une des pistes de géant les plus redoutables du Cirque blanc. « C’était extrêmement difficile ! Mais c’était aussi vraiment cool », s’est exclamée après la course la skieuse, qui avait une vingtaine de supporters – amis, famille et membres du ski-club – venus exprès de Berne pour la soutenir, dont sa sœur et son père. Le seul qui manquait était son grand-père, décédé il y a une semaine, le jour même où elle a appris qu’elle s’était qualifiée. « Il a toujours dit qu’il serait présent à ma première Coupe du monde, donc je skie pour lui à Sölden », nous a-t-elle confié. Au final, elle est repartie avec une 54e place, « mais je vais pouvoir retirer de belles leçons de cette expérience. »

Shaienne Zehnder devrait maintenant retourner en Coupe d’Europe où elle espère accumuler de bons résultats pour, si tout va bien, s’offrir de nouveaux départs en Coupe du monde. La priorité sera le slalom et le géant. « Je n’ai pas trop envie de faire de la descente. Le super-G, oui, j’aime beaucoup, mais la descente c’est trop rapide pour moi », dit-elle en riant. Et pourtant, la jeune Bernoise se débrouille pas mal sur les longues lattes. Aux championnats de Suisse en avril, elle a fini 8e en descente. Affaire à suivre.

Sim Sim Wissgott, de retour de Sölden