Le Nidwaldien est entré un petit peu plus dans la légende en signant sa 50e victoire à Val Gardena, lors de ce qui était la 1000e descente de l’histoire de la Coupe du monde. À seulement 28 ans, il continue d’écrire son histoire et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Réactions.
Il est 15h25 dans l’aire d’arrivée et Walti Odermatt ne veut pas crier victoire trop vite. Bien que le 50e triomphe de son fils Marco ait été quasiment avalisé depuis de longues minutes, le patriarche ne connait que trop bien Val Gardena. Prudent, il sait que les dossards élevés peuvent y réaliser de véritables exploits en profitant des conditions avantageuses, surtout lors d’un jour si spécial que ce jeudi, avec les multiples reports de la descente sprint en raison de bancs de brouillard. « Je préfère attendre attentivement », glisse-t-il avec bienveillance.
Si Nils Alphand, fils de la légende française Luc, s’en est approché notamment (finalement 5e), il n’en sera finalement rien. Marco Odermatt peut jubiler. Il atteint un total gigantesque, mythique et légendaire. « C’est un nombre incroyable », a réagi le héros du jour. « Je n’ai jamais imaginé, jamais rêvé, atteindre un tel total. C’est juste trop cool, surtout qu’aujourd’hui, c’était une course très spéciale et je ne pensais pas forcément être capable de passer devant Franjo (ndlr: von Allmen, finalement 2e à 0″15). »
« Juste heureux avec ces 50 succès »
Cinquante victoires à 28 ans, le tout le jour de la 1000e descente de l’histoire de la Coupe du monde, dames et messieurs confondus. « Odi », qui avale les records les uns après les autres, a de quoi avoir le sourire. Il vient d’écrire une nouvelle page de son incroyable légende, et de celle de son sport par la même occasion. Désormais, chez les messieurs, il n’y a guère qu’Ingemar Stenmark (86 succès), Marcel Hirscher (67) et Hermann Maier (54) qui ont fait mieux. « Je ne sais pas si un jour je les rejoindrai, mais toute ma carrière, j’ai toujours pris jour après jour, course après course et année après année. Alors pour l’instant, je suis juste très heureux avec ces 50 succès. »
Des succès qu’on peut expliquer par le talent, mais également par le travail. « Je suis super heureux pour lui », a ainsi réagi Justin Murisier, qui côtoie le skieur de Buochs a longueur d’année. « Il mérite ses succès. Il travaille au moins autant que les autres, voire plus. Il ne laisse rien au hasard. On essaie toujours plus de se rapprocher, mais s’il gagne tous les week-end, il prend encore plus de confiance. » Et ce qui marque aussi le Bagnard, c’est l’aspect humain de l’extraterrestre (oui, oui) avec qui il partage ses journées. « On a la chance d’avoir une entente incroyable. C’est quelqu’un qui ne joue pas un jeu, il est comme il est, que ce soit à l’arrivée dans les médias ou avec nous, il est honnête. C’est quelqu’un de bien. C’est cool de l’avoir comme ami, comme collègue d’équipe. »
« Une perle rare »
Deuxième ce jeudi, Franjo von Allmen enchaîne les exploits, sans toutefois parvenir souvent à dépasser l’étoile nationale. « Il skie incroyablement bien », reconnaît le Bernois. « Il mérite tous les éloges. Il est vraiment unique en son genre, c’est une perle rare. Il a un talent exceptionnel. Il est en excellente condition physique, et mentalement aussi. » Pour le champion du monde de descente, même s’il passe énormément de temps avec son chef de file, difficile de comprendre ce qui lui permet d’être aussi fort malgré tout.
Si Marco Odermatt et ses parents peuvent respirer, ils assurent tous ne pas se rendre forcément compte de l’ampleur des exploits enchaînés par la nouvelle légende du sport helvétique. Pourtant, le principal intéressé ne veut pas entrer dans cette caste: « Non, je ne pense pas à cela maintenant. Je suis simplement un skieur qui veut skier, se faire plaisir. J’aurais le temps d’y penser plus tard. » D’ici là, Odi va lui enchaîner quatre courses en quatre jours. Sans s’affoler. « Bien sûr, j’espère être capable d’enchaîner, mais attention, les Autrichiens sont très forts en super-G. »
Surtout, celui qui compte déjà quatre gros Globes à son actif (13 au total), trois titres mondiaux et une médaille d’or olympique espère aller chercher les dernières lignes qui manquent encore à son immense palmarès. En point de mire, la mythique descente de Kitzbühel et celle des Jeux olympiques. Il n’y a pas de doute, le prodige sera au rendez-vous le jour-J, comme toujours.
Laurent Morel, Val Gardena
