Les bras levés vers le ciel, un sourire radieux sur le visage, Lara Gut-Behrami savoure l’instant. La Tessinoise vient de découper la piste Challenger de Sun Valley pour remporter, avec la manière, un sixième Globe de cristal en super-G. Personne n’avait réussi pareil exploit par le passé, pas même l’Allemande Katja Seizinger ou l’Américaine Lindsey Vonn, qui a renoué avec le podium chez elle aux États-Unis après son retour récent à la compétition, qui se sont arrêtées à cinq trophées dans la discipline. Ce sixième Globe, elle ne le brandit pas seulement comme une récompense, mais comme un symbole. C’est un voyage de famille, on vit ça ensemble depuis presque 20 ans. C’est incroyable. Six Globes. c’est fou… Je suis simplement super heureuse », clame-t-elle.

Dans l’Idaho, Lara Gut-Behrami a survolé la compétition, mettant une seconde et demie dans la vue de ses rivales – elle aurait pris la 10e place du super-G masculin – et renouant avec son ski qui l’avait porté au sacre du classement général l’hiver dernier. « J’ai retrouvé le plaisir de skier », répète-t-elle, comme une délivrance. « Tout est plus simple quand on y parvient. J’ai toujours aimé le ski, c’est ce qui m’a toujours portée durant toute ma carrière. Mais cette saison, ce plaisir m’a manqué. J’ai eu beaucoup de peine à l’accepter. »

Un soutien sans faille de la famille et de l’équipe

Avant la compétition, la skieuse de Comano assurait avoir retrouvé un bonheur égaré ces derniers mois. Elle a pleinement confirmé en course ses nouvelles bonnes sensations. « C’est ce que je recherchais. Être relâchée, libre, c’est ça, le ski. Depuis l’entraînement de vendredi, ce sentiment est de retour. »

Il a fallu se montrer patiente pour que le déclic intervienne. Mais la skieuse aux 99 podiums en Coupe du monde désormais ne s’est pas précipitée. Pour remonter la pente, elle a bénéficié du soutien inconditionnel de ses proches. « Je ne suis pas seule, j’ai eu la chance d’avoir une famille et un team incroyables autour de moi. On a bossé tout l’hiver et enfin je savais que j’allais avoir besoin du temps. »

Un podium d’expérience

Comme un symbole, c’est avec deux autres grandes athlètes du ski du 21e siècle que la Tessinoise de 33 ans monte sur le podium de ce dernier super-G de l’hiver. Trois femmes, trois championnes, trois symboles d’une évolution dans le sport. « Avant, ce n’était pas possible de performer à haut niveau si nous n’avions plus 20 ans », constate Lara Gut-Behrami qui met l’accent sur la notion de « passion ». « Aujourd’hui, c’est cela qui nous fait avancer, notre amour pour le sport. Sinon, tu ne continues pas à consentir à tout cela, à voyages, avec toutes les choses compliquées que cela implique après 15 ans de carrière. »

Une dernière danse au sommet

La saison se termine sur un sacre, mais pour Lara Gut-Behrami, ce n’est qu’un chapitre qui se referme. « Chaque année a ses histoires », lance-t-elle. « Je savais que cette saison allait être une transition. On a parlé de problèmes tout l’hiver, mais au final, je suis la deuxième meilleure skieuse du monde. Je dois également être consciente que j’ai beaucoup appris, j’ai digéré beaucoup de choses. Et maintenant, je me réjouis d’écrire la suite, en me concentrant sur le positif. »

Pour écrire la dernière page d’une histoire exceptionnelle. Dans un an, Lara Gut-Behrami refermera le livre de sa carrière. Mais en véritable championne, elle compte bien le faire en laissant son empreinte au sommet, là où elle a toujours brillé.

Johan Tachet, Warm Springs